Chantier nettoyage des roselières en kayak
Magie, prophètes et météorologues inspirés !
Aviez-vous vraiment observé le mouvement descendant de votre grenouille verte ce matin ? N’aviez‑vous pas entendu le doux clapotis de l’oiseau dans la flaque ? Beaucoup d’indices pourtant… (1)
Nous n’étions pas sûrs de nous en nous levant ce samedi 29 août 2020. Mais notre « Guide » nous avait annoncé la veille « le temps s’annonce nuageux, sans pluie, on maintient ».
Tu peux rajouter… « on pourra avoir de l’eau jusqu’aux genoux, maxi, à certains endroits ! »
Il nous semble pourtant que ce sont de nombreuses gouttes d’eau (2) qui nous accueillent sur le parking de la plage…
Dopés par l’optimisme (ou la résignation, ou à peine réveillés et donc en manque cruel de lucidité !) nous allons récupérer notre gilet de sauvetage (déjà à bonne température ambiante, histoire de vite s’acclimater à notre future perméabilité terrestre ! Mais on s’en fiche, on veut aller dans l’eau !), pagaie et kayak à la base nautique « Ski and Wake 74 ».
2 kayaks biplaces (Isabelle et Martine G. ; Martine M. et Philip), 2 kayaks solos (Joséphine, Dominique), un bateau à moteur électrique (Arnaud de la LPO et son fils), et le bateau d’Asters (Rémy, Lucille et Alexandra) composent la flotte qui part à l’assaut des déchets et bois flottants qui fragilisent les roselières.
Moi je trouve que le moteur de Rémy (enfin, de son bateau !) a été un peu poussif sur le départ ! Je ne sais pas ce que vous en pensez ? Ou alors nous avons amélioré nos performances de rameurs !
Nous pagayons à travers les gouttes qui se transforment en perles d’argent au contact du lac, sous l’épais édredon de gros nuages bien gris, au milieu du vol des hirondelles… et la magie de la nature opère et nous fait oublier que nous évoluons sous la pluie. C’est tout simplement chouette d’être là et les sourires ravis se lisent sur les visages.
De l’eau dessous, de l’eau dessus, entre deux eaux, camaïeux de bleus et de gris, parfums poissonnants et ailes à tire d’eau ! De l’eau, partout… Comme j’aime traverser ces contre-temps ! (oui, parce que, Rémy, nous avait promis de l’eau jusqu’aux genoux… mais… y’en avait partout ! Foi de sourcier !)
Première escale, le delta de l’Ire : que c’est bon d’y retourner ! (Ô OUI !) Même si l’on regrette les interdits, on remarque que la nature a bien repris ses marques et que les déchets sont moins nombreux… pas si mal !
Lettre à M. Chupa Chups,
Cher Monsieur,
Pourriez-vous s’il vous plaît chercher comment fabriquer des bâtons de sucette qui ne ressemblent pas à des cotons-tiges échoués, étouffeurs de poissons ? Je ne sais pas moi, ils pourraient se manger aussi ? Comme les cornets de glace ? Ou se replanter ? Pour faire des arbres ? Dites, M. Chupa Chups, vous pourriez trouver une idée ?
Signé : Perchette
Nous réembarquons pour longer les roselières, enlever les troncs qui risquent de les endommager, accoster pour débarrasser ici un pneu, là une palette, puis une chaise de jardin.
On y trouve aussi parfois, de belles geishas en plastique, perdues sur les rivages d’autrefois ! Merci Philip pour le cadeau rapporté à la maison !
Les foulques et les grèbes s’écartent pour laisser évoluer nos embarcations jusqu’à l’embouchure de l’Eau Morte. Nous avons ici pu marcher sur l’eau (scoop : les prophètes du 21e siècle portent des gilets jaunes et adhèrent à l’Association des Amis de la Réserve ! Si si, on les a vus !).
Plus loin, d’aucunes ont pu vérifier les vertus d’un bain de siège en Réserve Naturelle, c’est plus efficace qu’à la maison, cela déride tout le groupe !
Nous ne donnerons pas de nom, nous sommes un groupe d’Amis ! Et nous nous excusons pour le trouble causé à nos hôtes foulques par nos éclats de rire mais l’un(e) d’entre nous va bientôt pouvoir proposer le bain de siège en vase clos !
Ainsi, nous voguons joyeusement jusqu’à l’observatoire de Glières d’où Joséphine a pu extraire une chaussure (pas sa taille ☹️), et où les masques (signes de cette année si particulière) sont piégés par les courants.
Désolé Dominique, nous pendant ce temps, nous étions en pleine « terre de Remblais » où nous avions découvert une cave enterrée ! … bon, que des bouteilles vides ! Mauvaise pioche ! Nous resterons à l’eau !
Nous avons également fait la rencontre très insolite d’un magnifique rhinocéros d’eau qu’il a fallu tirer jusqu’au rivage, car tout le monde sait que le rhinocéros ne joue pas de flûte (3) ! Il n’a donc rien à faire dans les roseaux !
Il est temps de rentrer à la base quand j’aperçois un beau tronc qui flotte au milieu des phragmites. Le temps de l’extraire, les autres sont hors de vue. J’attache mon trésor à l’arrière de mon embarcation et pagaie de toutes mes forces pour rentrer mais avec ce poids à traîner, dur dur… et la cavalerie est arrivée sur son bateau à moteur et m’a déchargée de mon fardeau.
Nous ne ferons pas plus de commentaires sur ton « éclipse aquatique » Dominique…mais nous avons pensé un instant que tu avais trouvé un endroit paisible et à l’abri pour nicher… au creux des roseaux ! Parce que, oui, quel beau privilège que celui de voguer au pied de la Tour, de l’aulne et de cette nature préservée…
Lorsque j’accoste, mes compagnons m’attendent, frigorifiés, et l’équipe s’éparpille sans qu’ait lieu le banquet final (4) : pas de sangliers au menu, une petite boisson chaude au bar de la base nautique avant d’aller se sécher à la maison.
Merci à Rémy pour l’organisation du chantier (et sa lecture optimiste de la météo), à Ski And Wake 74 pour le prêt des kayaks et à toute l’équipe pour sa bonne humeur et son efficacité !
(1) En italique, les commentaires d’Isabelle M.-U.
(2) Température de l’air 16 °C, température de l’eau 23° C, averses fréquentes le matin
(3) Référence au poème « La Flûte » de J. Richepin (voir le diaporama ci-contre)
(4) Référence à une œuvre littéraire majeure